Cette vidéo
prend avant tout comme base de travail: le son. Le son est la base de
mon travail de plasticien. La ville de Douala a une très forte
identité sonore, et sans doute encore plus pour moi qui l’entend
avec mon oreille neuve de novice-étranger. Il était donc
évident que ma venue à Douala me fasse travailler sur cette
matière très complexe qu’est sa sonorité. Cette
anarchie des sons de la ville a motivé notre travail de groupe,
et l’a orienté vers cette idée de monter les prises
vidéos « à l’aveugle ». Cette
idée permet de réaliser un montage essentiellement en fonction
des choix sonores, les images n’étant visibles que pour la
sélection de leurs sons. La frénésie est produite
dans cette vidéo, à la fois par la rapidité des successions
et aussi par la mise en boucle rythmique des images et des sons de la
ville. Cette TRANSEversalité amène une nouvelle proposition
sur l’esthétique sonore de Douala.
Vidéo
réalisée par Dodji Efoui (Togo), Lucas Grandin (France),
Guy Woueté (Cameroun) et Hervé Youmbi (Cameroun).
Images de Hervé Youmbi , Montage de Lucas Grandin.
Vidéo
Pal Stéréo 8 mins 20 s Réalisation à Douala
Février 2005,pendant la résidence exposition de Lucas Grandin,
Espace Doual'art
Douala Cameroun.
This video takes before anything as base of work, sound. Sound is the base of my work as a visual artist. Douala city has a very strong sound identity, and no doubt even more so for me who hears it with my new novice-stranger ear. So, it is obvious that my coming to Douala made me work with this very complex material which is its sonority. This anarchy of city sounds motivated our group work, and directed it towards this idea to assemble video shots blindly. This idea allows to compose a setup essentially according to sounds choices; pictures being visible only for their sound selection. Frenzy is produced in this video, at the same time by the successions speed but also by the way city's sounds and pictures go round in a beated loop.This « TRANSEversality »bring a new proposition about Douala's sound aesthetics.
Extrait de Douala Feedback...
Triturations soniques
Opulent,
démuni, l’urbain bruit, fait du bruit, au Nord comme au Sud.
En ville, au Nord comme au Sud, le son foisonne, la ville est un vivier
de sons. Du matin au soir, à Paris, à Lagos, à Bombay
ou à Dublin, je vais et je viens, je baigne dans des univers soniques
et sonores. Qui n’ont toutefois pas la même teneur ici et
là, au Nord et au Sud.
D’où
l’intérêt pour un artiste privilégiant la sensation
auditive de découvrir le monde par l’ouïe, et pas seulement
par les yeux : le monde n’est pas seulement à voir, il est
aussi à entendre, il est aussi audible qu’il est visible.
Et
nous avons assez tendance à l’oublier : dixit in fine Lucas
Grandin, héraut sarthois du low-tech et du copy-left. Qui a posé
son baluchon dix jours au fond de l’estuaire du Wouri. Premier séjour
de l’artiste en Afrique subsaharienne.
Entre
mangrove et macadam, Douala abonde en sons inouïs pour une oreille
découvreuse. Flanqué de trois membres de la K Factory, un
collectif d’artistes du cru : Hervé Youmbi, Dodji Efoui,
Guy Woueté, Lucas est allé tranquillement faire provision
de sons en ville. Tout ouïe et en musardant sans idées préconçues.
Un peu comme on va cueillir des champignons dans une forêt de France.
Le résultat de cette immersion inaugurale et sensorielle privilégiant
l’auditif a pris la forme d’une décoiffante vidéo
de 8’ : DOUALA FEED-BACK.
DOUALA
FEED-BACK est une concaténation stroboscopique d’instantanés
urbains pris sur le vif et de fragments soniques montés sur une
rythmique techno-punk échevelée, faite de bouclages, d’accélérations,
de freinages, scratchant à tout berzingue, bande son « crashante
» et sans concession d’un DJ foldingue en proie à un
accès de paludisme convulsif, sans aucun souci de corrélation
signifiante avec les sources d’émission. Une authentique
transe sonique qui s’emballe en staccato rageur de séquences
en séquences. Jusqu’au bord du vertige sensoriel total et
du gouffre de la désynchronisation circadienne.
Si
DOUALA FEED-BACK n’est pas à proprement parler du cinémix,
la proposition de Lucas Grandin, bien que de son propre avis inachevée,
s’en approche assez dans la démarche. Le nommé Jeff
Mills et les autres figures du cinémix peuvent se frotter les mains
: un preux tout en lucidité et en candeur s’amène
sur cette nouvelle scène artistique…