Douala Feedback (2005)


   

Cette vidéo prend avant tout comme base de travail: le son. Le son est la base de mon travail de plasticien. La ville de Douala a une très forte identité sonore, et sans doute encore plus pour moi qui l’entend avec mon oreille neuve de novice-étranger. Il était donc évident que ma venue à Douala me fasse travailler sur cette matière très complexe qu’est sa sonorité. Cette anarchie des sons de la ville a motivé notre travail de groupe, et l’a orienté vers cette idée de monter les prises vidéos « à l’aveugle ». Cette idée permet de réaliser un montage essentiellement en fonction des choix sonores, les images n’étant visibles que pour la sélection de leurs sons. La frénésie est produite dans cette vidéo, à la fois par la rapidité des successions et aussi par la mise en boucle rythmique des images et des sons de la ville. Cette TRANSEversalité amène une nouvelle proposition sur l’esthétique sonore de Douala.

Vidéo réalisée par Dodji Efoui (Togo), Lucas Grandin (France), Guy Woueté (Cameroun) et Hervé Youmbi (Cameroun).

Images de Hervé Youmbi , Montage de Lucas Grandin.

Vidéo Pal Stéréo 8 mins 20 s Réalisation à Douala Février 2005,pendant la résidence exposition de Lucas Grandin, Espace Doual'art Douala Cameroun.

 

This video takes before anything as base of work, sound. Sound is the base of my work as a visual artist. Douala city has a very strong sound identity, and no doubt even more so for me who hears it with my new novice-stranger ear. So, it is obvious that my coming to Douala made me work with this very complex material which is its sonority. This anarchy of city sounds motivated our group work, and directed it towards this idea to assemble video shots blindly. This idea allows to compose a setup essentially according to sounds choices; pictures being visible only for their sound selection. Frenzy is produced in this video, at the same time by the successions speed but also by the way city's sounds and pictures go round in a beated loop.This « TRANSEversality »bring a new proposition about Douala's sound aesthetics.
   
  Extrait de Douala Feedback...  

Triturations soniques

Opulent, démuni, l’urbain bruit, fait du bruit, au Nord comme au Sud. En ville, au Nord comme au Sud, le son foisonne, la ville est un vivier de sons. Du matin au soir, à Paris, à Lagos, à Bombay ou à Dublin, je vais et je viens, je baigne dans des univers soniques et sonores. Qui n’ont toutefois pas la même teneur ici et là, au Nord et au Sud.
D’où l’intérêt pour un artiste privilégiant la sensation auditive de découvrir le monde par l’ouïe, et pas seulement par les yeux : le monde n’est pas seulement à voir, il est aussi à entendre, il est aussi audible qu’il est visible.
Et nous avons assez tendance à l’oublier : dixit in fine Lucas Grandin, héraut sarthois du low-tech et du copy-left. Qui a posé son baluchon dix jours au fond de l’estuaire du Wouri. Premier séjour de l’artiste en Afrique subsaharienne.
Entre mangrove et macadam, Douala abonde en sons inouïs pour une oreille découvreuse. Flanqué de trois membres de la K Factory, un collectif d’artistes du cru : Hervé Youmbi, Dodji Efoui, Guy Woueté, Lucas est allé tranquillement faire provision de sons en ville. Tout ouïe et en musardant sans idées préconçues. Un peu comme on va cueillir des champignons dans une forêt de France. Le résultat de cette immersion inaugurale et sensorielle privilégiant l’auditif a pris la forme d’une décoiffante vidéo de 8’ : DOUALA FEED-BACK.
DOUALA FEED-BACK est une concaténation stroboscopique d’instantanés urbains pris sur le vif et de fragments soniques montés sur une rythmique techno-punk échevelée, faite de bouclages, d’accélérations, de freinages, scratchant à tout berzingue, bande son « crashante » et sans concession d’un DJ foldingue en proie à un accès de paludisme convulsif, sans aucun souci de corrélation signifiante avec les sources d’émission. Une authentique transe sonique qui s’emballe en staccato rageur de séquences en séquences. Jusqu’au bord du vertige sensoriel total et du gouffre de la désynchronisation circadienne.
Si DOUALA FEED-BACK n’est pas à proprement parler du cinémix, la proposition de Lucas Grandin, bien que de son propre avis inachevée, s’en approche assez dans la démarche. Le nommé Jeff Mills et les autres figures du cinémix peuvent se frotter les mains : un preux tout en lucidité et en candeur s’amène sur cette nouvelle scène artistique…

Lionel Manga, mars 2005

Le contenu de cette page nécessite une version plus récente d’Adobe Flash Player.

Obtenir le lecteur Adobe Flash